Les très parachutistes aventures de Ian Brossat
La première fois que nous avons entendu parler de Ian Brossat, c’était à propos d’élections. Début 2002, les sections du VIe et du VIIe faisaient savoir qu’elles avaient trouvé un garçon merveilleux pour être candidat sur la troisième circonscription, un étudiant brillant, motivé, passionné par ce quartier (Ceux d’entre nous, il y en avait, qui étaient impliqués dans le mouvement étudiant à Paris n’en avaient jamais entendu parler). Puis elles découvrirent qu’il n’avait pas l’âge minimum pour être candidat. La République brime la précocité. En refusant de mesurer l’âge légal à la longueur des dents.
On le retrouve quatre ans plus tard, en 2006, au moment du XXXIIIe congrès du PCF, candidat au poste de secrétaire de section du XIVe arrondissement. Il n’a jamais versé une cotisation à cette section, mais qu’importe ! Comme il l’explique à qui veut l’entendre (voire à qui préférerait ne pas), le XIVe est l’arrondissement où il est né, et où il a toujours voulu militer. Comme quoi un coup d’œil jeté à sa carte d’identité peut changer une vie : il n’aime plus du tout le VIIe arrondissement. Seuls des gens très méchants ont pu penser à l’époque que les perspectives électorales y étaient nulles, alors qu’il y a avait eu un Conseiller de Paris communiste élu en 2001 dans le XIVe, Maurice Lassalle, dont le décès libérait la place.
À l’assemblée générale de section, il se trouve très minoritaire face aux militants de la section et à Jean Calvary, le successeur qu’ils ont choisi à Maurice, et qu’ils réélisent largement. Cela ne refroidit pas son amour pour l’arrondissement. La fédération décrète que les membres de la section ne sont pas à jour de cotisation (air connu, qui a servi aussi dans le Ier-IIe. Un point est certain : les minoritaires, eux, ne payaient aucune cotisation à la section), et on convoque une nouvelle AG, sans eux, qui élit le né-natif à l’unanimité. Les camarades du XIVe, les vrais, décident de faire preuve d’humour et de compréhension pour les impatiences de la jeunesse, et acceptent de laisser la section croupion se réunir dans leur local pourvu qu’on ne touche pas à la leur (Nous aurions sans doute faits pareil dans les Ier-IIe, si nous n’avions pas été instruits par leur expérience).
À l’automne 2007, c’est le drame. Le PS ne reconduit pas l’accord municipal de 2001. Estimant n’avoir plus besoin du PCF, il réduit sa part à portion congrue. Ian Brossat, entre-temps proclamé par son ami Patrice Bessac « chef de file des communistes à Paris » (vous savez, cette expression poétique employée pour faire croire aux communistes qu’ils désignent des têtes de liste, avant de les envoyer sur celles du PS… ou d’autres) et comptait sur la place obtenue par Maurice Lassalle sur la liste du XIVe en 2001 grâce à sa notoriété dans l’arrondissement. Elle n’est pas reconduite. Le PS n’offre que la 8e place, très difficilement éligible (elle le sera en fin de compte à cause du très mauvais score des Verts), et, comble de méchanceté, la réserve à une femme pour cause de parité.
Que fait dans ces cas là un communiste qui est né dans le XIVe, qui a toujours voulu y militer, au point pour cela de nier l’existence de la section qui y existait avant son arrivée ? Il aurait pu se résigner à n’être que conseiller d’arrondissement, et laisser la place à une camarade. Après tout, personne ne supposait que son amour pour son arrondissement natal était lié au montant très important de l’indemnité de conseiller de Paris (alors que ceux d’arrondissement sont bénévoles). Il aurait pu faire de cette question un point de rupture avec le PS, et lui faire savoir qu’il n’avait pas à choisir les candidats du PCF. Mais il a trouvé une solution beaucoup plus élégante. Dans le XVIIIe, à l’autre bout de Paris, le PS offrait une place éligible à coup sûr, pour un homme. Il l’a prise. Les militants de l’arrondissement ont été priés de recevoir avec reconnaissance ce don venu du ciel.
Son cœur a-t-il été brisé quand il a quitté ainsi, brutalement, le joli lieu de sa naissance ? Nous ne le saurons pas : il a fait preuve d’une louable pudeur sur ce sujet, et ne l’a plus abordé. Désormais, c’est le XVIIIe qu’il aime, mais il n’a pas encore dit qu’il y était né (il y a pourtant aussi des hôpitaux dans le XVIIIe). Élu comme prévu, il a vu ses hauts mérites reconnus par ses collègues PCF au Conseil, qui l’ont choisi comme président de leur groupe. Il a bien sûr quitté son métier de professeur pour se consacrer à ces hautes fonctions. Sa grande lutte actuellement en ces lieux est la défense des nuit parisiennes. Lui, au moins, ne fait pas démagogie avec la France qui se lève tôt.
Mais l’Hôtel de Ville n’est pas son seul terrain de lutte. L’Humanité, le journal qui dévoile ce qui est caché, apprenait à ses lecteurs du 14 octobre dernier cette réjouissante nouvelle
TERRITOIRES
De jeunes élus de tous bords créent leur association
Ils veulent changer le regard des jeunes sur la politique. Une quinzaine de jeunes élus, adjoints au maire ou conseillers municipaux, issus de toutes les familles politiques de l’UMP au PCF en passant par le PS, les Verts ou les divers gauche et divers droite, se sont regroupés pour créer l’Association des jeunes élus de France (Ajef). Cette association, initiée par Pierre- Adrien Babeau, adjoint au maire (UMP) de Neuilly-sur- Seine qui la présidera, tenait sa première conférence de presse en début de semaine, pour préciser ses objectifs. S’appuyant sur l’arrivée, en mars 2008, de toute une nouvelle génération d’élus, l’idée n’est pas de trouver des consensus qui n’existent pas, mais, comme le précise Ian Brossat, conseiller (PCF) municipal de Paris, « d’élaborer des propositions concrètes comme, par exemple, sur le non-cumul des mandats, la parité… pour faire evoluer la vie politique ». Contribuant ainsi à faire reculer « le taux d’abstention important chez les jeunes ou leur désinterêt de la politique° ». Volonté louable, même si ce qui ecarte le plus souvent les jeunes de la politique, c’est l’ignorance par celle-ci de leurs besoins, de leurs avis. Tous les élus de moins de trente ans seront invités à rejoindre cette association qui voit loin, puisque celle-ci devrait tenir, en septembre 2010, son université d’été. MAX STAAT
Que c’est beau ! Seuls des gens très méchants pourront prétendre que Ian Brossat va incessamment découvrir que c’est à Neuilly, où une circonscription devrait se libérer pour un jeune méritant dès que le-fiston-à-son-papa sera nommé ministre, qu’il est né et qu’il a toujours voulu militer. Nous, nous nous en tiendrons aux faits avérés, qui nous semblent largement suffire.
Bien évidemment, la suite des événements dans le XIVe ne concerne plus notre jeune héros, envolé vers d’autres cieux où les prébendes poussent plus drues, lutter pour les droits des jeunes élus de tous bords victimes de la méchanceté des vieux. Il vaut cependant de la rappeler. Sitôt les municipales terminées (après les élections, la répression), le local a été mis en vente. C’était un très beau local, qui témoignait de la présence historique des communistes dans l’arrondissement : un immeuble complet, à deux étages, 149 rue du Château, à proximité de la gare Montparnasse. Les camarades avaient dû faire de gros efforts financiers pour l’entretenir (comme chez nous, la fédé n’avait jamais versé un sou). Bien évidemment, l’acheteur n’était pas intéressé par l’immeuble, qui sera rasé, mais par le terrain, pour y reconstruire plus haut et plus chic. Les camarades ont été expulsés, après la vente, par le SO du PCF, qui semble donc avoir opéré au service de l’acheteur.
Une histoire édifiante que Sarkozy pourrait le soir raconter à son petit-fils pour qu’il s’endorme paisiblement.