Un courrier de Bruno Drweski

Publié le par Bruno Drwesk

Chers Camarades

 

Je suis avec une certaine attention vos déboires avec la direction du PCF.

 

J'ai été actif au secteur international du PCF (Polex), ainsi que dans les associations et revues liées au PCF (Espaces Marx, Recherches internationales, La Pensée), et j'ai donc une certaine expérience des méthodes et menées des "notables" de "notre" nouvelle "aristocratie ex-ouvrière", démoralisée et achetée par le crétinisme électoraliste, de personnages tels que Patrice Cohen-Seat, Elisabeth Gauthier, Michel Rogalski, qui savent jouer tantôt les pleureuses "basistes" de gauche, voire d'ultra-gauche, tantôt les apparatchiks intrigant "neostal" pour le compte du PS, des anti-chaveziens, bref des contre-révolutionnaires. J'ai été poussé en dehors de ces activités et associations par des manoeuvres, des calomnies, des intrigues, des campagnes insidieuses, des mensonges, tout, sauf le débat ouvert sur des questions de principe devant une assemblée statutaire. Car le problème que je posais était politique, à débattre, ce qu'ils ont refusé bien entendu comme ils le refusent systématiquement. Je suis toujours en contact avec des militants de divers groupes qui sont issus du PCF, dont Rouge vifs, ou avec d'autres qui continuent à participer, là où c'est possible à la vie du PCF, si tant est qu'il y a encore une vie à l'intérieur du PCF. Et je constate la dispersion de tout ce potentiel de militants capables d'analyser la situation politique et de réfléchir sur des alternatives à une société qui va à la dérive, de l'avis même non seulement de la majorité des Français, mais parfois de ses dirigeants eux mêmes.

 

J'ai rencontré cette semaine un avocat membre du PCF qui me demandait si j'étais toujours à jour de cotisations au PCF et qui m'expliquait que c'était hautement utile car, selon lui, la stratégie des liquidateurs, est de pousser vers la sortie le maximum de membres, et surtout de militants actifs, pour ne garder comme membres que les permanents du Parti ou les salariés des secteurs dépendants du Parti (offices HLM communaux, employés de mairie, secrétaires d'élus, permanents d'assoc subventionnées par le Parti comme Espaces Marx ou d'assoc subventionnées par des mairies PCF, etc...) bref, de personnes qui peuvent avoir des sentiments divers et souvent généreux, mais qui deviendraient totalement dépendants de l'appareil des notables du PCF pour leur emploi, surtout si le Parti se vidait de militants "des boites" et des "cités". Et qui n'ont par ailleurs plus souvent les moyens de saisir la réalité de la donne politique puisque le Parti ne mène plus aucune formation politique ou idéologique de ses membres, ce qui auparavant poussait à la réflexion, même quand l'argumentaire était simpliste.

 

Une fois ce tour joué donc, on aurait affaire à un parti vidé de ses militants de base, et centré autour de colleurs d'affiches dépendants de l'appareil pour leur emploi, et utilisables uniquement pour le besoin des campagnes électorales (la seule raison d'être du Parti aux yeux des notables qui craignent surtout une chose : le peuple existant réellement, le peuple mobilisé, le peuple de toutes les banlieues et périphéries du capitalisme, peuple largement majoritaire mais fragmenté dans des querelles secondaires : parité formelle, écologie attrape-tout, grippe H1N1, pseudo-attentat TGV, pieuvre terroriste, foot, burqa, etc, etc.). Le Parti pourrait, selon ce scénario, ainsi être "gelé", mais son nom conservé et donc contrôlé par la direction, au profit d'une organisation plus "consensuelle" type par exemple Front de Gauche, au but strictement électoraliste et sans ambition d'être sur le terrain des luttes quotidiennes, et de la conscientisation des masses, des quartiers, dans les entreprises, etc...

 

...ce qui m'a rappelé un précédent, le PC espagnol. Là-bas en effet, on a créé une structure appelée "Gauche unie", dont l'activité est strictement électorale ou même électoraliste, carriériste, mais en veillant à ce que le PCE soit vidé de ses militants mais que le nom soit gardé pour "ratisser large" au moment des élections (si large que le PCE a la moitié moins de voix aux élections que les PC dits "staliniens" maintenus, mais surtout présents quotidiennement auprès du peuple, comme en Grèce ou au Portugal !!!). Donc un parti mort, sans vie, et une structure électorale actionnable à chaque élection quand ne se pose plus au peuple que la question des "moins pires".

Et Qui dans ce cas ne choisit pas le "moins pire" ? ou cesse de voter carrément, ce qui ne dérange pas "nos" démocrates. Et comme l'alternative officielle à tout cela en France, c'est le NPA bobo, il n'y a pas d'alternative réelle ayant les moyens d'atteindre les populations fragmentées.

 

Bref, cette réflexion me semble correspondre à une situation réelle et un objectif réel des notables qui se sont emparés du logo, du patrimoine et de l'image du PCF.

Ils ont d'ailleurs gardé un des logos du PCF, mais bien fait attention à ce que la faucille et le marteau disparaissent dès que possible. Et quand elle est revenue imposée par les militants, ils ont fait le dos rond, pour l'enlever de nouveau ensuite. Ils ont compris en revanche qu'il serait pour eux trop dangereux en France de laisser à d'autres le nom "Parti communiste français", ses trois mots étant importants, ensemble.

 

Tout cela dans le cadre d'une bipartisation UMPS, avec un "PCF" chargé, aux cotés des Verts bobos, des radicaux dits de gauche, des restes de chevenementistes rachetés, d'une kirielle d'assoc de façade, de rameuter vers le PS (-UMPS !), les électeurs bernés d'une campagne à l'autre. A l'UMP on fait d'ailleurs de même avec les électeurs de la droite populaire (gaullistes réels, nationalistes bornés, petits bourgeois, paysans, etc, etc...) pour les rameuter vers une UMP bien bourgeoise, bien salonarde ...comme le PS d'ailleurs. Tout cela pour nous préparer le futur "duel" entre un sarko pro-FMI et un Strauss-kahn président du FMI (...grâce à sarko). Au nom d'un clivage droite/gauche de façade, car il n'est plus qu'un clivage droite/droite : privatisation, néocolonialisme, racisme, otanisme, mercantilisme, médiocratie, oligarchie, kleptocratie, etc...) ...selon le modèle "anglo-saxon", US.

 

Je pense que ce que je décris ici mérite en tout cas analyses et réflexions. Même si la façon de contrecarrer ce plan de sabotage des luttes politiques et sociales ne semble pas évident. (Rester au PCF à tout prix pour y défendre "la maison" ? Ou le quitter pour participer à des groupes plus libres de leurs mouvements, mais sans possibilité d'atteindre les citoyens télébornés ???)

 

Il est clair toutefois, en particulier au regard de ce qui arrive à votre section, que Marijo & co. ltd. (comme ses "concurrents" d'ailleurs pour la direction) cherche à élaguer le parti de ses membres vivants, actifs, pensant, débattant, analysant, réfléchissant, et à ne garder que les béni oui-ouis.

 

Et bien entendu, on a pu constater à cette occasion que l'opposition au sein du "Conseil" national du PCF n'avait aucun pouvoir, non seulement de décision, mais qu'on ne lui laissait même pas de pouvoir de discussion selon la formule "anti-stalinienne" : "cause toujours !" ou on pourrait dire ici, "conseille toujours, ce n'est qu'un Conseil, les décisions se prennent ailleurs".

 

Quant au "national" du même Conseil, on s'en fout carrément puisqu'on est pour une "autre Europe", mais pour une Europe assez atlantiste quand même, et donc en guerre avec le reste du monde.

 

Je vous ai livré ces réflexions, sans vraiment pouvoir proposer une alternative crédible à ce piège dans lequel on nous a tous fait tomber, et dont il est difficile d'imaginer comment sortir. Piège qui s'est concentré sur le PCF, le parti le plus dangereux pour le système, mais qui se retrouve à l'échelle de toute la société, à gauche bien sûr, mais aussi à droite, tout cela sous la houlette des chefs de l'empire "euro-atlantique" que la France vient de rejoindre piteusement et officiellement ...sans que le PCF n'appelle le peuple de France à descendre dans la rue, dans sa diversité, pour se rebeller. ...Et alors que l'on sait que les anti-OTAN sont majoritaires en France, à gauche mais aussi à droite. Dans les rues, dans les cités, dans les entreprises mais aussi au sein d'institutions comme l'armée, la diplomatie, etc. On voit bien là qu'il ne reste rien du Parti de 1936 et de "la main tendue" qui allait permettre, avec d'autre, mais sur son propre terrain, sur sa propre dynamique, la résistance, le CNR, les avancées sociales, la décolonisation, la rupture avec l'OTAN et Israël, la reconnaissance de la Chine populaire, les négociations de Paris pour le Viet-nam, l'instauration du "modèle social" français en phase aujourd'hui de démantèlement, la planification incitative, la politique industrielle, etc, etc.

 

fraternellement

Bruno Drweski

 

PS. Comment peut-on faire accepter un "Parti révolutionnaire" qui "règle" ses différents avec la justice bourgeoise ?????? et les huissiers !!!! Ceux que des générations de militants traquaient dans ce qu'on n'appelait pas encore les cités.

Publié dans Soutiens

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